De tout temps l’homme cherche cet Amour indicible que promettent les écritures et les sages.
Je voudrais partager avec vous un texte Chrétien qui résume en quelques mots la seule quête du coeur… le retour chez Soi !
Il faut entendre ici le péché comme une séparation volontaire alimentée et cultivée par notre ignorance et notre avidité des « affaires » du monde.
» Tous les saints et les sages du 2e siècle au nôtre à travers une belle diversité d’époques et de cultures, d’Évagre le Pontique à Jean Climaque, de Maxime le Confesseur à Grégoire Palamas et de Païssy Vélitchkovsky à Ambroise d’Optino – tous nous disent la même chose.
Que la vocation de l’homme est de devenir Dieu, et que Dieu s’est fait précisément homme pour cela. Que cette » déification » est le fait de l’Esprit, et qu’elle se produit par l’union la plus intime entre l’agir de l’homme et la volonté de Dieu.
Que toute l’humanité est d’ores et déjà ressuscitée et divinisée avec le Verbe incarné, mais que le péché empêche l’homme de le ratifier et, surtout de l’actualiser.
Comment faut-il s’y prendre ?
Nicéphore le Solitaire propose au 14e siècle, une méthode » sans fatigue ni sueur » :
» Vous qui voulez connaître et saisir d’une connaissance expérimentale le Royaume de Dieu présent au dedans de vous, venez que je vous expose la science, mieux, la méthode de la vie éternelle… Il n’est qu’un moyen d’accéder au pardon et à la familiarité de Dieu : revenir d’abord, autant qu’il se peut, à nous-mêmes ou plutôt – par un paradoxe – rentrer en nous-mêmes, en nous retranchant du commerce du monde et des vains soucis, pour nous attacher indéfectiblement au Royaume des cieux qui est en nous »
Ce texte est un extrait du livre du Père Placide Deseille – La spiritualité orthodoxe et la Philocalie – ( collection « L’aventure intérieure » ) Bayard Édition, Paris 1998
D’origine cistercienne, le Père Placide fut l’un des responsables de la collection « Spiritualité orientale » à Bellefontaine – il est devenu ensuite moine orthodoxe.
Il y a en nous un appel de plus en plus fort, et notre soif de Vérité et d’Amour se fait de plus en plus pressante.
Nous avons mis de côté cette confiance d’enfant qui nous faisait voir le monde libre, joyeux et vivant, pour prendre une attitude de méfiance et de jugement face à soi et aux autres…
Ce qui était proposé aux moines a une certaine époque pour accéder à la Réalité Divine est de mon point de vue devenu maintenant une urgence pour nous-même et pour le monde dans lequel nous vivons…
Ce « retranchement du commerce du monde » qui est conseiller est simplement l’adhésion et l’abandon à la Présence vive, à la Présence du Coeur, à la Réalité de l’instant.
Afin de découvrir notre Nature et d’en faire l’expérience concrète, nous devons nous dépouiller de tous nos états, ne retenir aucune forme, aucune posture. C’est dans une détente totale dans le relâchement de toutes nos constructions que nous pouvons réaliser ce qui est libre d’élaboration ; la Nature fondamentale à laquelle nous appartenons.
Il ne s’agit pas de gagner l’éveil, mais plutôt de “perdre” l’illusion. L’illusion nécessite constamment d’être entretenue pour “fonctionner”. C’est comme le cinéma qui, par l’enchaînement des plans, parvient à nous captiver, à donner du sens et à retenir notre attention. C’est le sentiment d’ennui qui signe le déclin de cette emprise. Dans la vie, nous avons l’art d’esquiver cette sensation redoutée. Nous détenons une certaine aptitude à relancer notre cinéma, nous agitant et rebondissant dès qu’il ralentit.